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Issue
Ann. For. Sci.
Volume 47, Number 2, 1990
Page(s) 117 - 130
DOI https://doi.org/10.1051/forest:19900203
Ann. For. Sci. 47 (1990) 117-130
DOI: 10.1051/forest:19900203

Variabilité polyphénolique et systématique du pin sylvestre Pinus sylvestris L

P Lebretona, b, C Laracine-Pitteta, b, C Bayeta, b and J Lauransona, b

a  Laboratoire de biochimie végétale de l'université Lyon-I 69622 Villeurbanne cedex France
b  GRECO CNRS 13043, Écologie des forêts méditerranéennes

Résumé - Le Pin sylvestre est sujet à polymorphisme polyphénolique tranché : chez un premier chimiotype, la prodelphinidine constitue le flavonoïde majeur ; chez le second, la voie de la phényl-trihydroxylation est réprimée au profit de la dihydroxylation : la procyanidine et la quercétine augmentent, tandis qu'apparaît la dihydroquercétine (= taxifoline, T). Le premier chimiotype (ou «chimiomorphe»), dit T-, est quasiment seul présent chez les populations «montagnardes» ou «froides» de l'espèce, de la Laponie à la Sierra Nevada, en passant par le Jura, les Alpes, le Massif central et les Pyrénées ; un cas extrême est offert par les individus écossais (procyanidine et quercétine vestigiales), relevant de la var scotica Schott. Le second chimiotype, T+, devient notable, voire prédominant, chez les populations planitiaires et «chaudes» ; il représente ainsi 29 à 62 % des individus en Suède centrale et méridionale, 43 % dans les basses Vosges, 32 % dans le Vaucluse (France), 35 % en Europe de l'Est. Du point de vue de la biogenèse chimique, ce second type est plus divers, et plus évolué. Outre la reconnaissance de la variété d'Ecosse, il est donc suggéré l'existence de 2 groupes infraspécifiques chez Pinus sylvestris L : un groupe archaïque boréo-alpin «A» (comme altitude) ayant persisté dans les zones-refuges élevées lors des dernières périodes interglaciaires ; un groupe plus récent et plus mobile «P» (comme plaine) ayant (re)colonisé (depuis le Nord-Est ?) les zones basses à la faveur des périodes de refroidissement. Cette proposition n'est pas contradictoire avec des hypothèses antérieures formulées par Guinier. Il n'est pas exclu que la reconnaissance et la sélection de ces chimiotypes flavoniques puisse constituer une aide à la pratique des reboisements, ou à leur analyse a posteriori.


Abstract - Polyphenol variability and systematics of the Scots Pine (Pinus sylvestris L). Within the Scots Pine, we observed a marked polyphenolic polymorphism: in the first chemomorph, prodelphinidin constitutes the main flavonoid whereas phenyl-trihydroxylation is suppressed by dihydroxylation in the second chemomorph : procyanidin and quercetin increase; at the same time dihydroquercetin (= taxifolin, T) appears. The first morph, called T-, is largely predominant within the "mountain" or "cold" populations of Scots Pine, from Lapland to Sierra Nevada (Spain), via the Jura, Alps, Massif central and Pyrenees: an extreme case is represented by the Scottish specimens (procyanidin and quercetin become vestigial) related to the var scotica Schott. The second morph, T+, becomes numerous and even predominant within the "plain" and "hot" populations. This morph constitutes 29-62% of individuals in Central and Southern Sweden, 43% in Basses-Vosges, 32% in Vaucluse (France), 35% in Eastern Europe. From a biochemical point of view, the second morph is more diversified and highly evolved. In addition to the distinction of the Scottish variety, we propose thus to recognize 2 other subspecific taxa within Pinus sylvestris L: 1 archaic and boreo-alpine group called "A" (as for Altitude) , which has remained in refuge zones at high elevations during the interglacial periods; another group, more recent and more mobile, called "P" (as for Plain), which has (re)colonised the lowlands from the North-East during the cold periods. This proposition is not contrary to the former hypothesis expressed by Guinier. It would not be unreasonable to state that the determination and the selection of these flavonic chemomorphs could help forestry, or its critical analysis a posteriori.


Key words: Scots Pine / conifers / polyphenols / polymorphism / infraspecific characterization

Mots clés : Pin sylvestre / conifères / polyphénols / polymorphisme / caractérisation infraspécifique